L’autre jour, j’ai trouvé une petite araignée à côté de mon armoire. Rien de bien dramatique, mais en la voyant, j’ai repensé à une vieille superstition que j’avais quand j’étais arachnophobe… et qui, aujourd’hui, me fait sourire.
Pendant longtemps, j’étais persuadée que si je voyais une araignée, il y en aurait forcément trois. Et tant que je n’en avais pas vu trois, je restais en alerte, convaincue que cette règle était vraie. Le plus fou, c’est que mon cerveau finissait par me prouver que j’avais raison : tôt ou tard, je voyais trois araignées.
Maintenant, je sais que ce n’était qu’une illusion. Je ne voyais pas trois araignées parce que c’était une règle universelle, mais parce que mon cerveau était programmé pour suivre la « logique » que j’avais inconsciemment créée. Je faisais moi-même perdurer ma peur, sans m’en rendre compte.
Et si vous aussi, vous entreteniez vos propres peurs sans le savoir ?

Pourquoi notre cerveau invente-t-il des règles absurdes ?
Notre cerveau cherche toujours à donner un sens logique au monde qui nous entoure. Ce qui inclut aussi nos peurs. Face à une menace – qu’elle soit réelle ou perçue – il essaye de trouver des « règles » qui lui permettent d’anticiper et de mieux se protéger. Ces règles se basent soit sur des expériences (la dernière fois que j’ai vu une araignée, il y en a deux qui ont suivi) ou être complètement imaginaire, comme si la règle obéissait à une loi invisible.
Ces superstitions qui transforment une peur diffuse en un schéma prévisible, ce qui nous donne un sentiment de contrôle.
Ce mécanisme repose sur trois éléments :
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- La croyance irrationnelle : le cerveau crée une règle arbitraire pour donner du sens à la peur. Dans mon cas, « voir une araignée » devait forcément être suivi par deux autres apparitions.
- L’attention sélective : une fois que la règle est créée, notre cerveau devient hypervigilant et repère uniquement les éléments qui la confirment, ignorant tout ce qui pourrait la contredire.
- Le biais de confirmation : chaque fois que la règle semble se vérifier, elle renforce notre conviction. En revanche, lorsqu’elle échoue, le cerveau l’ignore.
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Comment se libérer de ces règles qui entretiennent notre peur ?
Alors, comment ai-je fait pour casser ce schéma et changer ma perception ?
Tout d’abord, j’ai remis la règle en question : est-ce que c’est vraiment vrai ou est-ce que c’est une construction mentale ?
Ensuite, j’ai complété la règle: si cela arrive, quelles sont les conditions pour qu’elle soit validée ? Dans quel laps de temps je dois voir les trois araignées pour que ce soit confirmé ? Un jour, une semaine ? Sinon c’est trop facile, si j’en vois une tous les six mois ça compte pas. Et où elles doivent apparaître ? Si j’en vois une à la TV, ça compte ou pas ? Bof.
Après, je ne vais pas vous mentir. Cette pensée, elle est toujours là. Mais elle n’a plus aucun pouvoir émotionnel sur moi. Oui, quand je vois une araignée, je me dis « où sont les deux autres ? », mais en réalité, je m’en fiche, parce que je sais que je gère. Même, je me dis que, trois, ce n’est pas tant que ça au final.
Donc vous voyez, le but n’est pas de faire disparaître la règle ou la pensée, mais de changer l’impact qu’elle a sur nous et la confiance que nous avons en nous pour accueillir la situation quand elle se présente.
Pour encore mieux comprendre vos phobies
Les peurs et phobies prennent des formes très diverses, et nous sommes nombreux à en avoir sans toujours comprendre leur origine ou leur fonctionnement.
Si ce sujet vous intrigue, mon podcast Brin de phobie explore en profondeur les mécanismes des phobies, avec des analyses, des témoignages et des outils concrets pour mieux les comprendre et les surmonter.