
Le rôle (involontaire) de l’entourage dans la naissance des phobies
Savoir ce qui transforme une simple en peur en phobie est une question fascinante. Et c’est exactement ce que nous explorons dans l’épisode 10 de Brin de phobie avec Jessica Slongo du Centre Ginkgo. En fait, le développement d’une phobie ne dépend pas toujours de l’intensité d’un événement vécu, mais bien plus souvent de la manière dont notre cerveau enregistre et interprète l’événement. Donc ce qui peut être traumatisant (ou marquant) pour certain-es ne le sera peut-être pas pour d’autres.
Peut-être que j’ai plus souvent été confrontée à des araignées qui surgissent de nul part qu’à des chiens qui mordent. Mais en y repensant, je me réalise que ma peur des araignées a souvent été invalidée, moquée, par mon entourage. Alors que l’incident avec le chien, lui, a probablement été pris plus au sérieux. Mes cris et mes larmes étaient « justifiés ». Peut-être que c’est cette différence de traitement qui a influencé mon ressenti et ma réaction face à ces deux situations.
Ce que les parents peuvent éviter de faire
Je dis « parents », mais en réalité c’est valable pour tous les adultes qui entourent l’enfant (enseignants, famille, amis, etc.).
Certaines réactions – même anodines en apparence – peuvent amplifier une peur naturelle et la transformer en phobie. Voici quelques attitudes à éviter :
- Moquer ou invalider une peur : minimiser ou se moquer des craintes d’un enfant peut renforcer son sentiment d’isolement et d’incompréhension. Elle risque de mijoter et grandir à l’intérieur.
- Forcer un enfant à affronter brutalement sa peur : une exposition trop soudaine ou forcée peut accentuer l’angoisse au lieu de l’atténuer. C’est totalement contre productif.
- Surprotéger : empêcher un enfant d’être confronté progressivement à sa peur l’empêche aussi de trouver des ressources et de la déconstruire par lui-même.
- Réagir de manière excessive : certains enfants développent une peur en voyant un parent exprimer lui-même une réaction de crainte ou de rejet face à un élément donné. Si vous avez une peur ou une phobie, il peut être intéressant de travailler dessus aussi.
- Rassurer excessivement : paradoxalement, répéter trop souvent « ne t’inquiète pas, tu ne risques rien » peut envoyer le signal qu’il y a effectivement une menace. Le cerveau ne comprend pas bien les négations.
Du coup, on fait quoi, pour aider nos enfants ?
Dans l’épisode 10 de Brin de phobie, Jessica Slongo partage plusieurs approches pour aider un enfant à mieux gérer ses peurs :
- Accueillir l’émotion sans dramatiser : plutôt que de minimiser ou d’exagérer la peur, il est important de simplement l’accueillir. Dire « Je vois que tu as peur, c’est normal, je suis là pour toi. » permet de valider l’émotion sans renforcer l’angoisse.
- Poser des questions ouvertes : demander à l’enfant ce qu’il ressent et de quoi il a besoin. Souvent, les enfants ne savent pas mettre des mots sur leurs émotions ; il faut donc leur proposer des suggestions pour les aider à exprimer leurs besoins.
- En parler régulièrement : le cerveau, de l’humain en général, mais surtout des enfants, a besoin de répétition pour intégrer une nouvelle manière de percevoir une peur.
Elle vous recommande aussi de lire « L’art d’apaiser son enfant » de Lise Bartoli, pour vous aider à accompagner vos enfants dans la gestion de leurs émotions.